La guerre en Ukraine ainsi que la pandémie de Covid-19 ont eu des répercussions défavorables sur les prix de l'énergie. Selon l'Observatoire national de la précarité énergétique, le coût moyen du gaz naturel a enregistré une hausse de 25 % entre 2021 et 2022 pour les ménages français. Un autre facteur d'instabilité doit être considéré. Il s'agit de la volatilité du prix du MWh de gaz qui rend son anticipation difficile. Afin d'éviter toute mauvaise surprise et trouver l'offre la mieux adaptée à ses besoins, il apparaît primordial d'étudier les éléments qui jouent sur son évolution.
Prix du gaz : quelle est la tendance aujourd'hui ?
Quid de l'évolution du prix du gaz en 2024 ? Le courtier opera-energie.com nous fournit de précieuses indications pour tenter de répondre à cette question. Si l'on se réfère aux tarifs en vigueur pour les années 2022 et 2023, force est de constater que le coût du gaz par MWh enregistre une baisse significative en 2024. Ainsi, le coût mensuel du PEG (Point d'échange gaz) en janvier 2023 était de 60,409 euros, tandis qu'il ne s'élevait plus qu'à 28,341 euros en janvier 2024. Tout au long de l'année 2023, le prix de la molécule de gaz a drastiquement décru sur le marché de gros. La tendance devrait se poursuivre au cours de l'année 2024. Plusieurs raisons peuvent être invoquées pour expliquer le phénomène. La principale d'entre elles est la météo. En ce début d'année 2024, les températures ont en effet affiché une douceur inhabituelle pour une période hivernale. Du fait d'une utilisation moindre des appareils de chauffage par les particuliers et les entreprises, la demande en gaz a été moins élevée. Il en est résulté une diminution des tarifs. En outre, les stocks de gaz naturel sont au beau fixe en Europe. Toutefois, comme nous l'avons indiqué précédemment, les tarifs du gaz restent volatiles. Outre les fluctuations des prix pratiqués sur le marché de gros, ils dépendent également de l'évolution des taxes. Le gouvernement français prévoit notamment d'augmenter la TICGN (Taxe intérieure de consommation du gaz naturel) à compter du 1er juillet 2024. Alors qu'elle était gelée depuis l'année 2019, son taux va quasiment doubler pour passer de 8,37 euros par MWh à 16,37 euros par MWh. Il en va de même pour l'ATRD7 (Accès des tiers au réseau de distribution de gaz naturel). Afin de financer les travaux d'entretien et l'installation de nouvelles infrastructures, une hausse tarifaire est prévue pour juillet 2024. La facture des consommateurs en sera forcément impactée. Si une majoration comprise entre 5,5 % et 10,4 % est envisagée pour les usagers résidentiels, aucune estimation n'a encore été faite pour les entreprises.
La demande en gaz : un critère déterminant dans la définition des prix de l'énergie
Divers éléments peuvent être invoqués pour comprendre les variations du prix de la molécule de gaz. La demande en énergie est l'un d'entre eux. Quatre facteurs essentiels impactent ici l'évolution du coût du gaz :
- Les conditions climatiques : lorsque la consommation d'énergie des ménages et des entreprises s'accroît, les centrales à gaz qui produisent de l'électricité sont particulièrement sollicitées. Une forte demande en chauffage par temps froid, mais aussi le recours fréquent à la climatisation durant l'été favorisent la hausse des tarifs.
- Les politiques énergétiques en vigueur : par exemple, dans le contexte de la guerre en Ukraine qui laisse planer l'incertitude quant à l'approvisionnement en gaz de plusieurs pays, le gouvernement français a incité les consommateurs à privilégier les énergies renouvelables.
- La santé de l'économie : prenons l'exemple de la pandémie de Covid-19. Lors du confinement de 2020, la demande en gaz était fortement réduite. Lors de la reprise, les besoins ont a contrario explosé, entraînant de fait l'augmentation des tarifs.
- Le prix du carbone et du charbon : dans une conjoncture qui encourage la transition énergétique, le prix du carbone ne cesse de croître. Confrontés à cet état de fait, les producteurs d'électricité privilégieront certainement les centrales à gaz, dont les émissions de CO2 sont 40 % moindres que celles à charbon.
Quels sont les facteurs d'influence associés à l'offre de gaz ?
Concernant l'offre, pas moins de cinq causes explicatives méritent d'être avancées pour expliquer la variabilité du prix du gaz au MWh :
- Le prix du baril de pétrole : depuis la décennie 1970 et l'instauration d'un tarif de référence (celui du pétrole en l'occurrence) pour indexer les prix de l'énergie, le coût du baril et celui du gaz sont intimement liés. Les variations de l'un ont nécessairement des répercussions sur l'autre.
- Le GNL : il s'agit d'un acronyme employé pour désigne le gaz naturel liquéfié. Ce dernier constitue une nouvelle source d'approvisionnement en combustible. Elle s'avère particulièrement précieuse pour les pays européens dans le cadre du conflit russo-ukrainien et la réduction drastique des importations de gaz russe. Le GNL est acheminé via des cargos. Les coûts inhérents à ce mode de transport sont toutefois 20 % plus importants que pour un approvisionnement classique.
- La conjoncture géopolitique : si un pays producteur est en situation de guerre, ses capacités de production gazière sont profondément impactées. Les tensions sur le marché du gaz dues à la baisse de l'offre favorise la hausse des prix.
- L'essor du biométhane : obtenu à partir de déchets organiques, il constitue une énergie renouvelable et écologique. À l'avenir, il sera un concurrent sérieux pour le gaz naturel. D'après l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), le biométhane permettrait d'assurer la souveraineté énergétique française en 2050.
- La quantité des stocks : il s'agit d'un élément clé pour la sécurité de l'approvisionnement en gaz d'un pays. Si les réserves sont suffisantes, le marché est davantage à l'abri des tensions.